jeudi 8 novembre 2007

Classe = société à responsabilité










La Loi d'Orientation indique que chaque jeune doit être considéré comme responsable de son apprentissage, de son orientation et de son projet.
Nous sommes face à une situa­tion passionnante car pour la pre­mière fois dans un texte à valeur juridique est affirmée une détermi­nation d'attitude qui doit être le respect de l’enfant. Jusqu’alors, l’enfant était considéré comme suspect de déviation, paresse, méchanceté.
La Convention sur les Droits de l'Enfant est un phénomène socio mondial ; on dépasse la notion d’enfant choyé pour inciter à la communication, au développement et à l’accueil. C'est la capacité à prendre des décisions en raison de com­pétences et de reconnaissance sta­tutaire sociale, la prise de décisions équivaut à la responsabilité.

Au contraire de Pavlov, l'enfant sans initiative, sans autonomie et contre les autres ; mais il apprend avec et pour les autres. Se rejoi­gnent ici les notions de complé­mentarité et de rôle.
Cependant, il faut être vigilant et ne pas user du terme responsabilité comme ciblé sur « faute» ou insuffisance. La culture de la culpabilité est néfaste à toute société. (Cf «Surveiller et punir»- Michel Foucault).
L'évolution est très nette dans les familles, la Loi d'Orientation va dans ce sens.

La classe est définie comme une société à responsabilité, différente de la «classe foule»" où n'existe ni l'équipe, ni l'entraide et dans ce cas l'enseignant y est isolé.

Il est temps d'instituer dans la classe toute une variété de rôles. On retrouve cela dans les classes coo­pératives, dans les classes Freinet où, par le biais de support comme l'imprimerie, la correspondance, la caisse de coopérative...), ont été institués des «métiers» ; imprimeur, écrivain, auteur, trésorier vendeur....
Mais pour cela, il faut recenser tous les rôles possibles. Pour ma part, j'ai trouvé cinq types possi­bles de rôles scolaires :
- d'instruction (prestations de connaissances mais aussi de mé­thodes à des camarades) ;
- de communication (pour l'or­ganisation et la régulation de la classe) ;
- de technicien (spécialiste lin­guistique et/ou scientifique) ;
- d évaluation (pour les tâches opératoires et de contrôle) ;
- d'investigation (pour la docu­mentation et les liaisons).

Dans les rôles d'investigation (liaison) on trouve celui de trésorier dont la tâche est de recueillir des fonds pour des projets, pour des opérations de solidarité. On trouve aussi dans l'investigation (docu­mentation) des documentalistes au service de la classe ou des groupes, des «banquiers» de données, des bibliothécaires des préposés à j'histoire d'une discipline, des responsables de l'étymologie, des chercheurs. Pour eux et pour leurs camarades, la classe s enrichit de leurs apports. L'enseignant n'est donc plus l'homme-orchestre, mais le chef d'orchestre qui distribue et équilibre des rôles multiples. Dans les rôles d'instruction, je distingue connaissances et méthodes Pour les connaissances (un élève va être chargé de faire le «moniteur», «l'instructeur» d'un fragment de cours (exposé, intervention). Chaque rôle peut être occasionnel, semi permanent ou permanent. L'élève peut être volontaire, choisi (par l'ensei­gnant, par ses camarades) ou reconnu pour ses aptitudes. Pour que cela tourne, on aura donc be­soin d'un élève chargé de l'organisation (inscription pour le prochain exposé ; veiller à ce que tout le monde passe...), une sorte de se­crétaire ou de «régisseur».


Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que d'une part le rôle est toujours de responsabilité et que chaque élève ne doit jamais travailler sur un seul registre. Plus vous aurez une variété de rôles entrecroisés, plus vous aurez un tissu riche.
« Pour être compétitif, il faut être
coopératif». Loin d'être un éclatement de la structure, l'introduction de rôles propose une organisation coopérative. Le cours, la classe, tels qu'ils existent sont, en réalité, amorphes (au sens physique). Les élèves sont des éléments mis côte à côte sans aucune réciprocité de service.

Reste le problème du rôle de l’enseignement. Comme je l'ai dit il n’est plus l’Homme-orchestre, mais le chef d’orchestre. Il doit organiser l'ensemble de sa classe pour que 1 ' apprentissage s'effectue au mieux. II a aussi une fonction d'évaluation 1 qu'il peut partager avec ses élèves (autoévaluation, co-évaluation...).
C'est ça le monde moderne. Celui des managers. C'est la direction participative par objectifs. Si ça ne marche pas on en discute et on rec­tifie positivement, cybernétiquement par correction de la trajectoîre mais non par «correction» des agents (des élèves).
Comme toute mise en oeuvre pédagogique, le bon sens et l'hu­mour, la «fringance» éducative doivent rester les référents essen­tiels de l'attribution et de la détec­tion des rôles au sein des classes et des établissements ; compensés par des exigences de recherche méthodique qui sont au coeur de l'organisation différenciée de l'enseignement ainsi que la pédagogie différenciée.
André de Peretti

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