samedi 27 décembre 2008

Bonne année 2009



Venue de Mme Wilson, Professeur de français du collège de Beaujeu, dans notre école. Elle nous a proposé d'écouter des musiques anciennes afin de les danser en inventant sa danse.

mercredi 10 décembre 2008

Instruction civique: Les Proverbes - La Morale du Matin

Paris vaut bien une messe ( Henri IV)


Avec des « si », on mettrait Paris en bouteille, avec des hypothèses, tout devient possible.



Paris ne s'est pas fait en un jour.


A beau mentir qui vient de loin, celui qui vient d'un pays lointain peut, sans craindre d'être démenti, raconter des choses fausses.



À bon chat bon rat, se dit quand celui qui attaque trouve un antagoniste capable de lui résister.



Abondance de biens ne nuit pas, on accepte encore, par mesure de prévoyance, une chose dont on a déjà une quantité suffisante.



À bon vin point d'enseigne, ce qui est bon se recommande de soi-même.



À chaque jour suffit sa peine, supportons les maux d'aujourd'hui sans penser par avance à ceux que peut nous réserver l'avenir.



À cœur vaillant rien d'impossible, avec du courage, on vient à bout de tout.



L'air ne fait pas la chanson, l'apparence n'est pas la réalité.



À la Chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur, si le froid n'est pas fini à la Chandeleur, il devient plus rigoureux qu'auparavant.



À la Sainte-Luce, les jours croissent du saut d'une puce, les jours commencent à croître un peu à la Saint-Luce (13 décembre).



À l'impossible nul n'est tenu, on ne peut exiger de quiconque ce qu'il lui est impossible de faire.



À l'œuvre on connaît l'ouvrier (ou l'artisan), c'est par la valeur de l'ouvrage qu'on juge celui qui l'a fait. À méchant ouvrier, point de bon outil, le mauvais ouvrier fait toujours du mauvais travail, et met ses maladresses sur le compte de ses outils.



À père avare, enfant prodigue ; à femme avare, galant escroc, un défaut, un vice fait naître autour de soi, par réaction, le défaut, le vice contraire.



L'appétit vient en mangeant, plus on a, plus on veut avoir. Après la pluie, le beau temps, la joie succède souvent à la tristesse, le bonheur au malheur.



À quelque chose malheur est bon, les évènements fâcheux peuvent procurer quelque avantage, ne fût-ce qu'en donnant de l'expérience.



L'argent est un bon serviteur et un mauvais maître, l'argent contribue au bonheur de celui qui sait l'employer, et fait le malheur de celui qui se laisse dominer par l'avarice ou la cupidité.



L'argent n'a pas d'odeur, certains ne se soucient guère de la manière dont ils gagnent de l'argent pourvu qu'ils en gagnent



À tout seigneur, tout honneur, il faut rendre honneur à chacun suivant son rang.



Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, avec un mérite, un savoir médiocre, on brille au milieu des sots et des ignorants.



Autant en emporte le vent, se dit en parlant de promesses auxquelles on n'ajoute pas foi, ou qui ne se sont pas réalisées.



Autres temps, autres mœurs, les mœurs changent d'une époque à l'autre.

Aux grands maux les grands remèdes, il faut prendre des décisions énergiques contre les maux graves et dangereux.



À vieille mule, frein doré, on pare une vieille bête pour la mieux vendre ; se dit aussi de vieilles femmes qui abusent des artifices de la toilette.

Beaucoup de bruit pour rien, titre d'une comédie de Shakespeare, passé en proverbe pour exprimer que telle affaire a pris des proportions qui se réduisent à peu de chose.

Les beaux esprits se rencontrent, se dit plaisamment lorsqu'une même idée, une même pensée, une même vérité est énoncée simultanément par deux personnes.

Bien faire, et laisser dire (ou laisser braire), il faut faire son devoir sans se préoccuper des critiques.

Bien mal acquis ne profite jamais, on ne peut jouir en paix du bien obtenu par des voies illégitimes.

Bon chien chasse de race, on hérite généralement des qualités de sa famille.

Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, mieux vaut jouir de l'estime publique que d'être riche.

Bon sang ne peut (ou ne saurait) mentir, qui est d'une noble race n'en saurait être indigne.

Les bons comptes font les bons amis, pour rester amis, il faut s'acquitter exactement de ce que l'on se doit l'un à l'autre.

La caque sent toujours le hareng, on se ressent toujours de son origine, de son passé.

Ce que femme veut Dieu le veut, les femmes en viennent toujours à leurs fins.


C'est en forgeant qu'on devient forgeron, à force de s'exercer à une chose, on y devient habile. Intéret pour construire des phrases en vocabulaire et utiliser le participe présent.


C'est le ton qui fait la musique (ou qui fait la chanson), c'est la manière dont on dit les choses qui marque l'intention véritable.


C'est l'hôpital qui se moque de la Charité, se dit de celui qui raille la misère d'autrui, bien qu'il soit lui-même aussi misérable.


Chacun pour soi et Dieu pour tous, laissons à Dieu le soin de s'occuper des autres. Charbonnier est maître chez soi, le maître de maison est libre d'agir comme il l'entend dans sa propre demeure. .


Charité bien ordonnée commence par soi-même, avant de songer aux autres, il faut songer à soi.


Chat échaudé craint l'eau froide, on redoute même l'apparence de ce qui vous a déjà nui.


Le chat parti, les souris dansent, quand maîtres ou chefs sont absents, écoliers ou subordonnés mettent à profit leur liberté.


Les chiens aboient, la caravane passe (prov. arabe), qui est sûr de sa voie ne s'en laisse pas détourner par la désapprobation la plus bruyante.



Chose promise, chose due, on est obligé de faire ce qu'on a promis. Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire, les soupirs que l'on pousse prouvent qu'on n'est pas satisfait Comme on connaît les saints on les honore, on traite chacun selon son caractère.



Comme on fait son lit on se couche, il faut s'attendre en bien ou en mal à ce qu'on s'est préparé à soi-même par sa conduite.



Comparaison n'est pas raison, une comparaison ne prouve rien.



Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, défions-nous parfois des conseilleurs ; ni leur personne ni leur bourse ne courent le risque qu'ils conseillent.



Contentement passe richesse, bonheur est préférable à fortune.



Les cordonniers sont les plus mal chaussés, on néglige souvent les avantages qu'on a, de par sa condition, à sa portée.



Dans le doute, abstiens-toi, maxime qui s'applique au doute pratique comme au doute purement spéculatif.



De deux maux il faut choisir le moindre, adage que l'on prête à Socrate, qui aurait ainsi expliqué pourquoi il avait pris une femme de très petite taille.



Défiance (ou méfiance) est mère de sûreté, il ne faut pas être trop confiant, si l'on ne veut pas être trompé.



De la discussion jaillit la lumière, des opinions discutées contradictoirement se dégage la vérité.



Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul, faire une dette pour en acquitter une autre ; se tirer d'une difficulté en s'en créant une nouvelle.



Deux avis valent mieux qu'un, on fait bien, avant d'agir, de consulter plusieurs personnes.



Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es, on juge une personne d'après la société qu'elle fréquente.



Donner un oeuf pour avoir un bœuf, faire un petit présent dans l'espoir d'en recevoir un plus considérable.



L'eau va à la rivière, l'argent va aux riches.



En avril, n'ôte pas un fil ; en mai, fais ce qu'il te plaît, on ne doit pas mettre des vêtements légers en avril ; on le peut en mai.



L'enfer est pavé de bonnes intentions, les bonnes intentions ne suffisent pas si elles ne sont pas réalisées ou n'aboutissent qu'à des résultats fâcheux.



Entre l'arbre et l'écorce il ne faut pas mettre le doigt, il ne faut point intervenir dans une dispute entre proches.



Erreur n'est pas compte, tant que subsiste une erreur, un compte n'est pas définitif.



L'exception confirme la règle, cela même qui est reconnu comme exception constate une règle, puisque, sans la règle, point d'exception.



La faim chasse le loup hors du bois, la nécessité contraint les hommes à faire des choses qui ne sont pas de leur goût.



Fais ce que dois, advienne que pourra, fais ton devoir, sans t'inquiéter de ce qui en pourra résulter.



Faute de grives, on mange des merles, à défaut de mieux, il faut se contenter de ce que l'on a.



La fête passée, adieu le saint, une fois une satisfaction obtenue, on oublie qui l'a procurée.



La fin justifie les moyens, principe d'après lequel le but excuserait les actions coupables commises pour l'atteindre.



La fortune vient en dormant, le plus sûr moyen de s'enrichir est d'attendre passivement un heureux coup du sort.



Des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter, chacun est libre d'avoir ses préférences.



Les grandes douleurs sont muettes, l'extrême souffrance morale ne fait entendre aucune plainte.



Les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs, ceux qui se vantent le plus ou promettent le plus sont ordinairement ceux qui font le moins.



L'habit ne fait pas le moine, ce n'est pas sur l'extérieur qu'il faut juger les gens.



L'habitude est une seconde nature, l'habitude nous fait agir aussi spontanément qu'un instinct naturel.



Heureux au jeu, malheureux en amour, qui gagne souvent au jeu est rarement heureux en ménage.



Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud, il faut pousser activement une affaire qui est en bonne voie.



Il faut que jeunesse se passe, on doit excuser les fautes que la légèreté et l'inexpérience font commettre à la jeunesse.



Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, il faut prendre un parti dans un sens ou dans un autre.



Il faut rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, il faut rendre à chacun ce qui lui est dû.



Il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, avant de parler, de se prononcer, il faut mûrement réfléchir.



Il ne faut jamais jeter le manche après la cognée, il ne faut jamais se rebuter.



Il ne faut jurer de rien, il ne faut jamais répondre de ce qu'on fera, ni de ce qui peut arriver.



Il ne faut pas dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau, nul ne peut assurer qu'il ne recourra jamais à une personne ou à une chose.



Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ou il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, le parti pris ferme l'esprit à tout éclaircissement.



Il n'est pire eau que l'eau qui dort, ce sont souvent des personnes d'apparence inoffensive dont il faut le plus se méfier.



Il n'est point de sot métier, toutes les professions sont bonnes.



Il n'y a pas de fumée sans feu, derrière les apparences, les on-dit, il y a toujours quelque réalité.



Il n'y a que la vérité qui blesse, les reproches vraiment pénibles sont ceux que l'on a mérités.



Il n'y a que le premier pas qui coûte, le plus difficile en toute chose est de commencer.



Il vaut mieux aller au boulanger (ou au moulin) qu'au médecin, maladie coûte plus cher encore que dépense pour la nourriture.



Il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu'à ses saints, il vaut mieux s'adresser directement au maître qu'aux subalternes.



Il vaut mieux tenir que courir, la possession vaut mieux que l'espérance.



Il y a loin de la coupe aux lèvres, il peut arriver bien des événements entre un désir et sa réalisation.



L'intention vaut le fait, l'intention compte comme si elle avait été mise à exécution.



Le jeu ne vaut pas la chandelle, la chose ne vaut pas la peine qu'on se donne pour l'obtenir.



Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, les circonstances varient avec le temps.



Loin des yeux, loin du cœur, l'absence détruit ou affaiblit les affections.



Les loups ne se mangent pas entre eux, les méchants ne cherchent pas à se nuire.



Mains froides, cœur chaud, la froideur des mains indique un tempérament amoureux.



Mauvaise herbe croît toujours, se dit pour expliquer la croissance rapide d'un enfant de mauvais caractère.



Mettre la charrue devant (ou avant) les bœufs, commencer par où l'on devrait finir.



Le mieux est l'ennemi du bien, on court le risque de gâter ce qui est bien en voulant obtenir mieux.



Mieux vaut tard que jamais, il vaut mieux, en certains cas, agir tard que ne pas agir du tout .



Morte la bête, mort le venin, un ennemi, un méchant ne peut plus nuire quand il est mort.



Les murs ont des oreilles, dans un entretien confidentiel, il faut se défier de ce qui vous entoure.



Nécessité fait loi, dans un besoin ou un péril extrême, on peut se soustraire à toutes les obligations conventionnelles.



Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît, règle de conduite qui est le fondement d'une morale élémentaire.



N'éveillez pas le chat qui dort, il ne faut pas réveiller une fâcheuse affaire, une menace assoupie.



Noël au bacon, Pâques au tison, si le temps est beau à Noël il fera froid à Pâques.



La nuit porte conseil, la nuit est propre à nous inspirer de sages réflexions.



La nuit tous les chats sont gris, on ne peut pas bien, de nuit, distinguer les personnes et les choses.



Nul n'est prophète en son pays, personne n'est apprécié à sa vraie valeur là où il vit habituellement.



L'occasion fait le larron, l'occasion fait faire des choses répréhensibles auxquelles on n'aurait pas songé.



Oeil pour oeil, dent pour dent, loi du talion.



L'oisiveté est mère (ou la mère) de tous les vices, n'avoir rien à faire, c'est s'exposer à toutes les tentations.



On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs, on n'arrive pas à un résultat sans peine ni sacrifices.



On ne prête qu'aux riches, on ne rend des services qu'à ceux qui sont en état de les récompenser ; on attribue volontiers certains actes à ceux qui sont habitués à les faire.



On reconnaît l'arbre à ses fruits, c'est à ses actes qu'on connaît la valeur d'un homme.



Paris ne s'est pas fait en un jour, rien ne peut se faire sans le temps voulu.



Pauvreté n'est pas vice, il n'y a pas de honte à être pauvre.



Péché avoué est à demi pardonné, celui qui avoue son péché obtient plus aisément l'indulgence.



Petit à petit, l'oiseau fait son nid, à force de persévérance, on vient à bout d'une entreprise.



Petite pluie abat grand vent, souvent, peu de chose suffit pour calmer une grande colère.



Les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits profits accumulés finissent par faire de gros bénéfices. Pierre qui roule n'amasse pas mousse, on ne s'enrichit pas en changeant souvent d'état, de pays. Plaie d'argent n'est pas mortelle, les pertes d'argent peuvent toujours se réparer. La pluie du matin réjouit le pèlerin, la pluie du matin est souvent la promesse d'une belle journée. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a, nul ne peut donner ce qu'il n'a pas. Plus on est de fous, plus on rit, la gaieté devient plus vive avec le nombre des joyeux compagnons. Point de nouvelles, bonnes nouvelles, sans nouvelles de quelqu'un, on peut conjecturer qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux. Prudence est mère de sûreté, c'est en étant prudent qu'on évite tout danger. Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage (ou la gale), quand on en veut à quelqu'un, on l'accuse faussement. Qui a bu boira, on ne se corrige jamais d'un défaut devenu une habitude. Qui aime bien châtie bien, un amour véritable est celui qui ne craint pas d'user d'une sage sévérité. Quiconque se sert de l'épée périra par l'épée, celui qui use de violence sera victime de la violence. Qui donne aux pauvres prête à Dieu, celui qui fait la charité en sera récompensé dans la vie future. Qui dort dîne, le sommeil tient lieu de dîner. Qui ne dit mot consent, ne pas élever d'objection, c'est donner son adhésion. Qui ne risque rien n'a rien, un succès ne peut s'obtenir sans quelque risque. Qui paye ses dettes s'enrichit, en payant ses dettes, on crée ou on augmente son crédit. Qui peut le plus peut le moins, celui qui est capable de faire une chose difficile, coûteuse, etc., peut à plus forte raison faire une chose plus facile, moins coûteuse, etc. Qui sème le vent récolte la tempête, celui qui produit des causes de désordre ne peut s'étonner de ce qui en découle. Qui se ressemble s'assemble, ceux qui ont les mêmes penchants se recherchent mutuellement. Qui se sent morveux se mouche, que celui qui se sent en faute s'applique ce que l'on vient de dire. Qui s'y frotte s'y pique, celui qui s'y risque s'en repent. Qui trop embrasse mal étreint, qui entreprend trop de choses à la fois n'en réussit aucune. Qui va à la chasse perd sa place, qui quitte sa place doit s'attendre à la trouver occupée à son retour. Qui veut aller loin ménage sa monture, il faut ménager ses forces, ses ressources, etc., si l'on veut tenir, durer longtemps. Qui veut la fin veut les moyens, qui veut une chose ne doit pas reculer devant les moyens qu'elle réclame. Qui vole un œuf vole un bœuf, qui commet un vol minime se montre par là capable d'en commettre un plus considérable. Rira bien qui rira le dernier, qui se moque d'autrui risque d'être raillé à son tour si les circonstances changent. Rome ne s'est pas faite en un jour, se dit à ceux que l'on veut engager à prendre patience. Santé passe richesse, la santé est plus précieuse que la richesse. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, les jeunes manquent d'expérience, les vieillards de force. Le soleil luit pour tout le monde, chacun a droit aux choses que la nature a départies à tous. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse tout finit par s'user ; à force de braver un danger, on finit par y succomber ; à force de faire la même faute, on finit par en pâtir. Tel est pris qui croyait prendre, on subit souvent le mal qu'on a voulu faire à autrui. Tel père, tel fils, le plus souvent, le fils tient de son père. Le temps, c'est de l'argent, traduction de l'adage anglais time is money, le temps bien employé est un profit. Tous les goûts sont dans la nature, se dit à propos d'une personne qui a des goûts singuliers. Tout chemin mène à Rome, il y a bien des moyens d'arriver au même but. Toute peine mérite salaire, chacun doit être récompensé de sa peine, quelque petite qu'elle ait été. Tout est bien qui finit bien, se dit d'une entreprise qui réussit après qu'on a craint le contraire. Toute vérité n'est pas bonne à dire, il n'est pas toujours bon de dire ce que l'on sait, quelque vrai que cela puisse être. Tout nouveau tout beau, la nouveauté a toujours un charme particulier. Tout vient à point à qui sait attendre, avec du temps et de la patience, on réussit, on obtient ce que l'on désire. Trop de précaution nuit, l'excès de précaution tourne souvent à notre propre désavantage. Un clou chasse l'autre, se dit en parlant de personnes ou de choses qui succèdent à d'autres et les font oublier. Un de perdu, dix de retrouvés, la personne, la chose perdue est très facile à remplacer. Une fois n'est pas coutume, un acte isolé n'entraîne à rien ; on peut fermer les yeux sur un acte isolé. Une hirondelle ne fait pas le printemps, on ne peut rien conclure d'un seul cas, d'un seul fait. Un homme averti en vaut deux, quand on a été prévenu de ce que l'on doit craindre, on se tient doublement sur ses gardes. Un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon (ou que le meilleur) procès, s'entendre, à quelque condition que ce soit, vaut mieux que plaider. Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, posséder peu, mais sûrement, vaut mieux qu'espérer beaucoup, sans certitude. Ventre affamé n'a point d'oreilles, l'homme pressé par la faim est sourd à toute parole. Le vin est tiré, il faut le boire, l'affaire étant engagée, il faut en accepter les suites, même fâcheuses. Vouloir, c'est pouvoir, on réussit lorsqu'on a la ferme volonté de réussir.

LITTERATURE: Le Mystère de la rose bleue. Pierre Debor







S 4 P II FICHE 1. L'accident. (Le Mystère de la rose bleue. Pierre Debor) 25/11/2008

Note A - B - C - D

Mets vrai ou faux

Celui qui est appelé le « guignol » est l'enfant au vélo.
C'est Marcel et Jeannot qui sont dans le tracteur.
le tracteur a une cabine.
la roue avant gauche est en l'air à la fin.
Ce jour là, il y avait de la pluie et du vent.
Le garçon au vélo s'appelle aussi Cazeneuve.
David Cazeneuve est le neveu de Marcel Cazeneuve.
Un grain c'est un peu de soleil qui arrive.
M. van Diever est Anglais.
Martine Cazeneuve est la femme de Marcel


Lecture silencieuse 2 LE MYSTERE DE LA ROSE BLEUE (p 11 à 21)

1 – Il faisait beau ce jour-là.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
2 – Un accident a failli se produire entre un tracteur et un jeune garçon à vélo.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
3 – Sur le tracteur, il y avait 3 personnes.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
4 – Le vélo était un V.T.T.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
5 – Le jeune cycliste s’appelle David.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
6 – Le conducteur du tracteur est l’oncle du jeune garçon.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
7 – En voulant éviter le cycliste, le conducteur du tracteur a percuté un camion.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
8 – Le père du jeune cycliste est horticulteur.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
9 – Il a une quarantaine d’années.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
10 – Il s’appelle Marcel Cazeneuve.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas


Lecture silencieuse 3 LE MYSTERE DE LA ROSE BLEUE (p 23 à 34) chapitre 2
1 – Les roses bleues, c’était comme un mouton…
[ ] à quatre pattes
[ ] à cinq pattes
[ ] Le texte ne le dit pas
2 – Dans le carton il y a 2 roses.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
3 – Les roses bleues sont réputées pour être belles comme de la soie.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
4 – Il allait dissimuler son colis dans le hangar
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
5 –David devait partir en ville avec son père
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
6 – Voici deux ou trois ans un éclair avait calciné deux ou trois sapins.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
7 – Le père de David possède un diplôme de comptable.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
8 – Les cinq coups de l’Angélus proviennent du village de BARP.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
9 – Les girondin sont une équipe de football.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas
10 – Sa cousine s’appelle Maïlys et il veut aller au ski avec elle.
[ ] Vrai
[ ] Faux
[ ] Le texte ne le dit pas


4 LE MYSTERE DE LA ROSE BLEUE (p 35 à 42)
Entoure la lettre de la bonne réponse
1 - En classe, David
A - éclate de rire
B - se lève tout à coup
C - s’endort sur sa table
2 - Il est installé
A - au fond de la classe
B - au premier rang
C - vers le milieu de la classe
3 - Il a
A - une maîtresse
B - un maître
C - tantôt l’un, tantôt l’autre
4 - La cousine de David s’appelle
A – Alice
B - Maïlys
C - Maïté

5 - David aimerait bien
A - aller chez sa cousine pendant les vacances
B - que sa cousine vienne chez lui pendant les vacances
C - rester seul pendant les vacances

6 - Quand David revient de l’école,
A - il pleut
B - il y a du vent
C - il grêle

7 - David arrive chez lui
A - avant dix-sept heures
B - exactement à dix-sept heures
C - après dix-sept heures

8 - David
A - va passer toutes les vacances chez sa cousine
B - va passer quatre jours chez sa cousine
C - ne restera qu’un jour chez sa cousine

9 - Le fils de Madame Chelali se prénomme
A - Mounir
B - Tarik
C - Toufik

10 - Mme Cazeneuve veut que David lui prête
A - ses jouets
B - ses rollers
C - son vieux vélo

5 LE MYSTÈRE DE LA ROSE BLEUE (p 65 à 70)

1 – Toufik apporte souvent des tulipes à sa mère.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

2 – Il finit son lait avant de sortir de la caravane.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

3 – Il entre dans la chambre froide en même temps que
David.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

4 – Les fleurs bleues ont disparu de la chambre froide.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

5 – David surprend Toufik dans la chambre froide.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

6 – Ils partent tous les deux faire une promenade à
vélo.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

7 – Toufik a du mal à suivre David.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

8 – Ils arrivent près d’un étang.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

9 – C’est David qui a l’idée de pêcher des grenouilles.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

10 – L’étang appartient à un ami de M. Cazeneuve.
[ ] Vrai [ ] Faux [ ] Le texte ne le dit pas

6 LE MYSTÈRE DE LA ROSE BLEUE (P 83 À 90)


1 – Maïlys et ses parents habitent à
A - Mérignac
B – Marcheprime
C – Arcachon

2 - A – Toufik est content d’accompagner David chez Maïlys
B – Il est à la fois content et soucieux
C – Il ne voulait pas partir avec David

3 – Pendant le trajet, Toufik
A – arrache un à un les pétales d’une rose blanche
B – jette une rose blanche par la fenêtre
C – colorie les pétales d’une rose blanche avec un stylo

4 – Maïlys habite
A – dans un appartement au cinquième étage d’un immeuble
B – dans une maison près d’un bois
C – dans une ancienne ferme rénovée

5 – Mme Cazeneuve doit s’arrêter car
A – un pneu de la voiture est crevé
B – la voiture tombe en panne d’essence
C – le moteur de la voiture chauffe

6 – C’est
A – le père de Maïlys
B – un chauffeur de taxi
C – M. Van Diever
qui lui propose de l’aider à réparer.

7 – C’est
A -Maïlys
B – sa mère
C – son père
qui accueille Mme Cazeneuve et les deux garçons.

8 – Maïlys demande à Toufik s’il est
A - algérien
B – tunisien
C – marocain

9 – Elle emmène les deux garçons
A – dans le bois derrière la maison
B – dans la salle de jeux au sous-sol
C – dans le grenier

10 – C’est
A - David
B – David et Toufik
C - Toufik
qui raconte(nt) toute l’histoire à Maïlys

mercredi 5 mars 2008

L.V.E. chant anglais


Twinkle, twinkle, little star.
How I wonder what you are !
Up above the world so high,
Like a diamond in the sky,
Twinkle, twinkle, little star.
How I wonder what you are !

Brille, brille, petite etoile !
Dis-moi, dis-moi, qui tu es.
Tout en haut du firmament
Tu as l'éclat d'un diamant.
Brille, brille, petite étoile !
Dis-moi, dis-moi, qui tu es.

dimanche 10 février 2008

La chèvre de M. Seguin A DAUDET

À M. Pierre Gringoire, poète lyrique à Paris.


Tu seras bien toujours le même, mon pauvre Gringoire ! Comment ! On t’offre une place de chroniqueur dans un bon journal de Paris, et tu as l’aplomb de refuser... Mais regarde-toi, malheureux garçon ! Regarde ce pourpoint troué, ces chausses en déroute, cette face maigre qui crie la faim. Voilà pourtant où t’a conduit la passion des belles rimes ! Voilà ce que t’ont valu dix ans de loyaux services dans les pages du sire Apollo... Est-ce que tu n’as pas honte, à la fin? Fais-toi donc chroniqueur, imbécile! Fais-toi chroniqueur ! Tu gagneras de beaux écus à la rose, tu auras ton couvert chez Brébant, et tu pourras te montrer les jours de première avec une plume neuve à ta barrette... Non? Tu ne veux pas?... Tu prétends rester libre à ta guise jusqu’au bout... Eh bien, écoute un peu l’histoire de la chèvre de M. Seguin. Tu verras ce que l’on gagne à vouloir vivre libre.


M. Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait.Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C’était, paraît-il, des chèvresindépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté.Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait :– C’est fini ; les chèvres s’ennuient chez moi, je n’en garderai pas une.Cependant, il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il en achetaune septième; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu’elle s’habituât à demeurer chez lui.Ah ! Gringoire, qu’elle était jolie, la petite chèvre de M. Seguin ! Qu’elle était jolie, avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs quilui faisaient une houppelande! C’était presque aussi charmant que le cabri d’Esméralda, tu te rappelles,Gringoire? Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l’écuelle.Un amour de petite chèvre... M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d’aubépines. C’est làqu’il mit la nouvelle pensionnaire. Il l’attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré, en ayant soin de luilaisser beaucoup de corde, et de temps en temps, il venait voir si elle était bien. La chèvre se trouvaittrès heureuse et broutait l’herbe de si bon coeur que M. Seguin était ravi.– Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s’ennuiera pas chez moi !M. Seguin se trompait, sa chèvre s’ennuya.Un jour, elle se dit en regardant la montagne :– Comme on doit être bien là-haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyère, sans cette maudite longequi vous écorche le cou!... C’est bon pour l’âne ou pour le boeuf de brouter dans un clos!... Les chèvres, il leur faut du large. À partir de ce moment, l’herbe du clos lui parut fade. L’ennui lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare.C’était pitié de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne, la narineouverte, en faisant Mê !... tristement.

M. Seguin s’apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’était... Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois :– Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.– Ah ! Mon Dieu !... Elle aussi ! cria M. Seguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son écuelle ; puis,s’asseyant dans l’herbe à côté de sa chèvre :– Comment, Blanquette, tu veux me quitter!Et Blanquette répondit :– Oui, monsieur Seguin.– Est-ce que l’herbe te manque ici ?– Oh ! non ! monsieur Seguin.– Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j’allonge la corde?– Ce n’est pas la peine, monsieur Seguin.– Alors, qu’est-ce qu’il te faut? Qu’est-ce que tu veux?– Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.– Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu’il y a le loup dans la montagne... Que feras-tu quand il viendra?...– Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin.– Le loup se moque bien de tes cornes. Il m’a mangé des biques autrement encornées que toi... Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici l’an dernier? Une maîtresse chèvre, forte etméchante comme un bouc. Elle s’est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l’a mangée.– Pécaïre ! Pauvre Renaude !... Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne.– Bonté divine!... dit M. Seguin; mais qu’est-ce qu’on leur fait donc à mes chèvres? Encore une que le loup va me manger... Eh bien, non... je te sauverai malgré toi, coquine ! Et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t’enfermer dans l’étable et tu y resteras toujours. Là-dessus, M. Seguin emportala chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avaitoublié la fenêtre et à peine eut-il le dos tourné, que la petite s’en alla...Tu ris, Gringoire? Parbleu! Je crois bien; tu es du parti des chèvres, toi, contre ce bon M. Seguin... Nous allons voir si tu riras tout à l’heure.Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général. Jamais les vieuxsapins n’avaient rien vu d’aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaientjusqu’à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d’or s’ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu’ils pouvaient. Toute la montagne lui fit fête.Tu penses, Gringoire, si notre chèvre était heureuse ! Plus de corde, plus de pieu... rien qui l’empêchât de gambader, de brouter à sa guise... C’est là qu’il y en avait de l’herbe ! Jusque par-dessus les cornes,mon cher!... Et quelle herbe! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes... C’était bien autre choseque le gazon du clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !... La chèvre blanche, à moitié soûle, se vautrait là-dedans les jambes en l’air et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées et les châtaignes... Puis, tout à coup elle se redressait d’un bond sur ses pattes.Hop ! la voilà partie, la tête en avant, à travers les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d’un ravin, là haut, en bas, partout... On aurait dit qu’il y avait dix chèvres de M. Seguin dans la montagne. C’est qu’elle n’avait peur de rien la Blanquette. Elle franchissait d’un saut de grandstorrents qui l’éclaboussaient au passage de poussière humide et d’écume. Alors, toute ruisselante, elle allait s’étendre sur quelque roche plate et se faisait sécher par le soleil... Une fois, s’avançant au bord d’un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derrière. Cela la fit rire aux larmes.– Que c’est petit! dit-elle; comment ai-je pu tenir là dedans?Pauvrette ! De se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde...En somme, ce fut une bonne journée pour la chèvre de M. Seguin. Vers le milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans une troupe de chamois en train de croquer une lambrusque à belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants... Il paraît même –ceci doit rester entre nous, Gringoire – qu’un jeune chamois à pelage noir, eut la bonne fortune de plaire à Blanquette. Les deux amoureux s’égarèrent parmi le bois une heure ou deux, et si tu veux savoir ce qu’ils se dirent, va le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la mousse. Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c’était le soir.
– Déjà ! dit la petite chèvre ; et elle s’arrêta fort étonnée. En bas, les champs étaient noyés de brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toitavec un peu de fumée. Elle écouta les clochettes d’un troupeau qu’on ramenait, et se sentit l’âme toutetriste... Un gerfaut, qui rentrait, la frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit...Puis ce fut un hurlement dans la montagne :– Hou! Hou!Elle pensa au loup; de tout le jour la folle n’y avait pas pensé... Au même moment une trompe sonnabien loin dans la vallée. C’était ce bon M. Seguin qui tentait un dernier effort.– Hou! Hou!... faisait le loup.– Reviens! Reviens!... criait la trompe.Blanquette eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa quemaintenant elle ne pouvait plus se faire à cette vie, et qu’il valait mieux rester. La trompe ne sonnaitplus... La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et vit dans l’ombre deuxoreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient... C’était le loup. Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance.Comme il savait bien qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se retourna, il se mit à rire méchamment.– Ha! ha! La petite chèvre de M. Seguin! et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d’amadou.Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l’histoire de la vieille Renaude, qui s’étaitbattue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu’il vaudrait peut-être mieux se laissermanger tout de suite; puis, s’étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en avant,comme une brave chèvre de M. Seguin qu’elle était... Non pas qu’elle eût l’espoir de tuer le loup, les chèvres ne tuent pas le loup, – mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude...Alors le monstre s’avança, et les petites cornes entrèrent en danse. Ah ! La brave chevrette, comme elle y allait de bon coeur ! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pourreprendre haleine. Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine... Cela dura toute la nuit. De tempsen temps la chèvre de M. Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair et elle se disait :– Oh ! Pourvu que je tienne jusqu’à l’aube...L’une après l’autre, les étoiles s’éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coupsde dents... Une lueur pâle parut dans l’horizon... Le chant du coq enroué monta d’une métairie.– Enfin! dit la pauvre bête, qui n’attendait plus que le jour pour mourir; et elle s’allongea par terre danssa belle fourrure blanche toute tachée de sang... Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea. Adieu, Gringoire! L’histoire que tu as entendue n’est pas un conte de mon invention. Si jamais tu viensen Provence, nos ménagers te parleront souvent de la cabro de moussu Seguin, que se battégue toutola neui emé lou loup, e piei lou matin lou loup la mangé *. Tu m’entends bien, Gringoire.E piei lou matin lou loup la mangé.
* Phrase en patois provençal qui signifie : la chèvre de monsieur Seguin, qui se battit toute la nuit avec le loup, et puis le matin, le loup la mangea.

Alphonse Daudet / La chèvre de Monsieur Seguin /

La Mule du pape

De tous les jolis dictons, proverbes ou adages, dont nos paysans de Provence passementent leurs discours, je n'en sais pas un plus pittoresque ni plus singulier que celui-ci. À quinze lieues autour de mon moulin, quand on parle d'un homme rancunier vindicatif, on dit : « Cet homme-là ! Méfiez-vous !... il est comme la mule du Pape, qui garde sept ans son coup de pied. »
J'ai cherché bien longtemps d'où ce proverbe pouvait venir, ce que c'était que cette mule papale et ce coup de pied gardé pendant sept ans. Personne ici n'a pu me renseigner à ce sujet, pas même Francet Mamaï, mon joueur de fifre, qui connaît pourtant son légendaire provençal sur le bout du doigt. Francet pense comme moi qu'il y a là dessous quelque ancienne chronique du pays d'Avignon ; mais il n'en a jamais entendu parler autrement que par le proverbe...
-Vous ne trouverez cela qu'à la bibliothèque des Cigales, m'a dit le vieux fifre en riant.
L'idée m'a paru bonne, et comme la bibliothèque des Cigales est à ma porte, je suis allé m'y enfermer huit jours.
C'est une bibliothèque merveilleuse, admirablement montée, ouverte aux poètes jour et nuit, et desservie par de petits bibliothécaires à cymbales qui vous font de la musique tout le temps. J'ai passé là quelques journées délicieuses, et, après une semaine de recherches, -sur le dos, j'ai fini par découvrir ce que je voulais, c'est-à-dire l'histoire de ma mule et de ce fameux coup de pied gardé pendant sept ans. Le conte en est joli quoique un peu naïf, et je vais essayer de vous le dire tel que je l'ai lu hier matin dans un manuscrit couleur du temps, qui sentait bon la lavande sèche et avait de grands fils de la Vierge pour signets. Qui n'a pas vu Avignon du temps des Papes, n'a rien vu.
Pour la gaieté, la vie, l'animation, le train des fêtes, jamais une ville pareille. C'étaient, du matin au soir, des processions, des pèlerinages, les rues jonchées de fleurs, tapissées de hautes lices, des arrivages de cardinaux par le Rhône, bannières au vent, galères pavoisées, les soldats du Pape qui chantaient du latin sur les places, les crécelles des frères quêteurs ; puis, du haut en bas des maisons qui se pressaient en bourdonnant autour du grand palais papal comme des abeilles autour de leur ruche, c'était encore le tic-tac des métiers à dentelles, le va-et-vient des navettes tissant l'or des chasubles, les petits marteaux des ciseleurs de burettes, les tables d'harmonie qu'on ajustait chez les luthiers, les cantiques des ourdisseuses ; par là-dessus le bruit des cloches, et toujours quelques tambourins qu'on entendait ronfler là-bas, du côté du pont. Car chez nous, quand le peuple est content, il faut qu'il danse, il faut qu'il danse ; et comme en ce temps-là les rues de la ville étaient trop étroites pour la farandole, fifres et tambourins se postaient sur le pont d'Avignon, au vent frais du Rhône, et jour et nuit l'on y dansait, l'on y dansait...
Ah ! L'heureux temps ! L'heureuse ville ! Des hallebardes qui ne coupaient pas ; des prisons d'État où l'on mettait le vin à rafraîchir. Jamais de disette ; jamais de guerre... Voilà comment les Papes du Comtat savaient gouverner leur peuple ; voilà pourquoi leur peuple les a tant regrettés !...
Il y en a un surtout, un bon vieux, qu'on appelait Boniface... Oh ! celui-là, que de larmes on a versées en Avignon, quand il est mort ! C'était un prince si aimable, si avenant !
Il vous riait si bien du haut de sa mule ! Et quand vous passiez près de lui, - fussiez-vous un pauvre petit tireur de garance ou le grand viguier de la ville, - il vous donnait sa bénédiction si poliment ! Un vrai pape d'Yvetot, mais d'un Yvetot de Provence, avec quelque chose de fin dans le rire, un brin de marjolaine à sa barrette, et pas la moindre Jeanneton...
La seule Jeanneton qu'on lui ait jamais connue, à ce bon père, c'était sa vigne, - une petite vigne qu'il avait plantée lui-même, à trois lieues d'Avignon, dans les myrtes de Château-Neuf.
Tous les dimanches, en sortant de vêpres, le digne homme allait lui faire sa cour, et quand il était là-haut, assis au bon soleil, sa mule près de lui, ses cardinaux tout autour étendus aux pieds des souches, alors il faisait déboucher un flacon de vin du cru, - ce beau vin, couleur de rubis, qui s'est appelé depuis le Château-Neuf des Papes, - et il dégustait par petits coups, en regardant sa vigne d'un air attendri. Puis, le flacon vidé, le jour tombant, il rentrait joyeusement à la ville, suivi de tout son chapitre; et, lorsqu'il passait sur le pont d'Avignon, au milieu des tambours et des farandoles, sa mule, mise en train par la musique, prenait un petit amble sautillant, tandis que lui-même il marquait le pas de la danse avec sa barrette, ce qui scandalisait fort ses cardinaux, mais faisait dire à tout le peuple : « Ah ! le bon prince ! Ah ! le brave Pape ! »
Après sa vigne de Château-Neuf, ce que le Pape aimait le plus au monde, c'était sa mule. Le bonhomme en raffolait de cette bête-là. Tous les soirs avant de se coucher, il allait voir si son écurie était bien fermée, si rien ne manquait dans sa mangeoire, et jamais il ne se serait levé de table sans faire préparer sous ses yeux un grand bol de vin à la française, avec beaucoup de sucre et d'aromates, qu'il allait lui porter lui-même, malgré les observations de ses cardinaux... Il faut dire aussi que la bête en valait la peine.
C'était une belle mule noire, mouchetée de rouge, le pied sûr, le poil luisant, la croupe large et pleine, portant fièrement sa petite tête sèche toute harnachée de pompons, de noeuds, de grelots d'argent, de bouffettes ; avec cela douce comme un ange, l'oeil naïf, et deux longues oreilles, toujours en branle, qui lui donnaient l'air bon enfant... Tout Avignon la respectait, et, quand elle allait dans les rues, il n'y avait pas de bonnes manières qu'on ne lui fît ; car chacun savait que c'était le meilleur moyen d'être bien en cour et qu'avec son air innocent, la mule du Pape en avait mené plus d'un à la fortune, à preuve Tistet Védène et sa prodigieuse aventure.
Ce Tistet Védène était, dans le principe, un effronté galopin, que son père, Guy Védène, le sculpteur, avait été obligé de chasser de chez lui, parce qu'il ne voulait rien faire et débauchait les apprentis. Pendant six mois, on le vit traîner sa jaquette dans tous les ruisseaux d'Avignon, mais principalement du côté de la maison papale ; car le drôle avait depuis longtemps son idée sur la mule du Pape, et vous allez voir que c'était quelque chose de malin... Un jour que Sa Sainteté se promenait toute seule sous les remparts avec sa bête, voilà mon Tistet qui l'aborde, et lui dit en joignant les mains d'un air d'admiration :
« Ah ! mon Dieu ! grand Saint-Père, quelle brave mule vous avez là!... Laissez un peu que je la regarde... Ah ! mon Pape, la belle mule!... L'empereur d'Allemagne n'en a pas une pareille. » Et il la caressait, et il lui parlait doucement comme à une demoiselle.
- Venez çà, mon bijou, mon trésor, ma perle fine...
Et le bon Pape, tout ému, se disait dans lui-même :
- Quel bon petit garçonnet !... Comme il est gentil avec ma mule !
Et puis le lendemain savez-vous ce qui arriva? Tistet Védène troqua sa vieille jaquette jaune contre une belle aube en dentelles, un camail de soie violette, des souliers à boucles, et il entra dans la maîtrise du Pape, où jamais avant lui on n'avait reçu que des fils de nobles et des neveux de cardinaux... Voilà ce que c'est que l'intrigue!...
Mais Tistet ne s'en tint pas là. Une fois au service du Pape, le drôle continua le jeu qui lui avait si bien réussi. Insolent avec tout le monde, il n'avait d'attentions ni de prévenances que pour la mule, et toujours on le rencontrait par les cours du palais avec une poignée d'avoine ou une bottelée de sainfoin, dont il secouait gentiment les grappes roses en regardant le balcon du Saint-Père, d'un air de dire: « Hein !... pour qui ça ?... »

Tant et tant qu'à la fin le bon Pape, qui se sentait devenir vieux, en arriva à lui laisser le soin de veiller sur l'écurie et de porter à la mule son bol de vin à la française ; ce qui ne faisait pas rire les cardinaux.
Ni la mule non plus, cela ne la faisait pas rire... Maintenant, à l'heure de son vin, elle voyait toujours arriver chez elle cinq ou six petits clercs de maîtrise qui se fourraient vite dans la paille avec leur camail et leurs dentelles ; puis, au bout d'un moment, une bonne odeur chaude de caramel et d'aromates emplissait l'écurie, et Tistet Védène apparaissait, portant avec précaution le bol de vin à la française. Alors le martyre de la pauvre bête commençait.
Ce vin parfumé qu'elle aimait tant, qui lui tenait chaud, qui lui mettait des ailes, on avait la cruauté de le lui apporter, là, dans sa mangeoire, de le lui faire respirer; puis, quand elle en avait les narines pleines, passe, je t'ai vu ! la belle liqueur de flamme rose s'en allait toute dans le gosier de ces garnements... Et encore, s'ils n'avaient fait que lui voler son vin ; mais c'étaient comme des diables, tous ces petits clercs, quand ils avaient bu !... l'un lui tirait les oreilles, l'autre la queue ; Quiquet lui montait sur le dos, Béluguet lui essayait sa barrette, et pas un de ces galopins ne songeait que d'un coup de reins ou d'une ruade la brave bête aurait pu les envoyer tous dans l'étoile polaire, et même plus loin... Mais non ! On n'est pas pour rien la mule du Pape, la mule des bénédictions et des indulgences... Les enfants avaient beau faire, elle ne se fâchait pas ; et ce n'était qu'à Tistet Védène qu'elle en voulait... Celui-là, par exemple, quand elle le sentait derrière elle, son sabot lui démangeait, et vraiment il y avait bien de quoi. Ce vaurien de Tistet lui jouait de si vilains tours ! Il avait de si cruelles inventions après boire !...
Est-ce qu'un jour il ne s'avisa pas de la faire monter avec lui au clocheton de la maîtrise, là-haut, tout là-haut, à la pointe du palais !... Et ce que je vous dis là n'est pas un conte, deux cent mille Provençaux l'ont vu. Vous figurez-vous la terreur de cette malheureuse mule, lorsque, après avoir tourné pendant une heure à l'aveuglette dans un escalier en colimaçon et grimpé je ne sais combien de marches, elle se trouva tout à coup sur une plate-forme éblouissante de lumière, et qu'à mille pieds au-dessous d'elle elle aperçut tout un Avignon fantastique, les baraques du marché pas plus grosses que des noisettes, les soldats du Pape devant leur caserne comme des fourmis rouges, et là-bas, sur un fil d'argent, un petit pont microscopique où l'on dansait, où l'on dansait... Ah ! pauvre bête ! quelle panique ! Du cri qu'elle en poussa, toutes les vitres du palais tremblèrent.
- Qu'est-ce qu'il y a ? qu'est-ce qu'on lui fait ? s'écria le bon Pape en se précipitant sur son balcon.
Tistet Védène était déjà dans la cour, faisant mine de pleurer et de s'arracher les cheveux :
- Ah ! grand Saint-Père, ce qu'il y a ! Il y a que votre mule... mon Dieu ! qu'allons-nous devenir ? Il y a que votre mule est montée dans le clocheton...
- Toute seule ???
- Oui, grand Saint-Père, toute seule... Tenez ! regardez-la, là-haut... Voyez-vous le bout de ses oreilles qui passe ?... On dirait deux hirondelles...
- Miséricorde ! fit le pauvre Pape en levant les yeux... Mais elle est donc devenue folle ! Mais elle va se tuer... Veux-tu bien descendre, malheureuse !...
Pécaïre ! elle n'aurait pas mieux demandé, elle, que de descendre... mais par où ? l'escalier, il n'y fallait pas songer : ça se monte encore ces choses-là ; mais, à la descente, il y aurait de quoi se rompre cent fois les jambes... Et la pauvre mule se désolait, et, tout en rôdant sur la plate-forme avec ses gros yeux pleins de vertige, elle pensait à Tistet Védène :
- Ah ! bandit, si j'en réchappe... quel coup de sabot demain matin !
Cette idée de coup de sabot lui redonnait un peu de coeur au ventre; sans cela elle n'aurait pas pu se tenir...

Enfin on parvint à la tirer de là-haut ; mais ce fut toute une affaire. Il fallut la descendre avec un cric, des cordes, une civière. Et vous pensez quelle humiliation pour la mule d'un pape de se voir pendue à cette hauteur, nageant des pattes dans le vide comme un hanneton au bout d'un fil. Et tout Avignon qui la regardait !
La malheureuse bête n'en dormit pas de la nuit. Il lui semblait toujours qu'elle tournait sur cette maudite plate-forme, avec les rires de la ville au-dessous, puis elle pensait à cet infâme Tistet Védène et au joli coup de sabot qu'elle allait lui détacher le lendemain matin. Ah ! mes amis, quel coup de sabot ! De Pampérigouste on en verrait la fumée...
Or, pendant qu'on lui préparait cette belle réception à l'écurie, savez-vous ce que faisait Tistet Védène ?
Il descendait le Rhône en chantant sur une galère papale et s'en allait à la cour de Naples avec la troupe de jeunes nobles que la ville envoyait tous les ans près de la reine Jeanne pour s'exercer à la diplomatie et aux belles manières. Tistet n'était pas noble ; mais le Pape tenait à le récompenser des soins qu'il avait donnés à sa bête, et principalement de l'activité qu'il venait de déployer pendant la journée du sauvetage.
C'est la mule qui fut désappointée le lendemain !
- Ah ! le bandit ! il s'est douté de quelque chose !... pensait-elle en secouant ses grelots avec fureur.. Mais c'est égal, va, mauvais ; tu le retrouveras au retour, ton coup de sabot... je te le garde !
Et elle le lui garda.
Après le départ de Tistet, la mule du Pape retrouva son train de vie tranquille et ses allures d'autrefois. Plus de Quiquet, plus de Béluguet à l'écurie. Les beaux jours du vin à la française étaient revenus, et avec eux la bonne humeur, les longues siestes, et le petit pas de gavotte quand elle passait sur le pont d'Avignon. Pourtant, depuis son aventure, on lui marquait toujours un peu de froideur dans la ville. Il y avait des chuchotements sur sa route ; les vieilles gens hochaient la tête, les enfants riaient en se montrant le clocheton. Le bon Pape lui-même n'avait plus autant de confiance en son amie, et, lorsqu'il se laissait aller à faire un petit somme sur son dos, le dimanche en revenant de la vigne, il gardait toujours cette arrière-pensée : « Si j'allais me réveiller là-haut, sur la plate-forme ! » La mule voyait cela et elle en souffrait, sans rien dire ; seulement, quand on prononçait le nom de Tistet Védène devant elle, ses longues oreilles frémissaient, et elle aiguisait avec un petit rire le fer de ses sabots sur le pavé.
Sept ans passèrent ainsi; puis, au bout de ces sept années, Tistet Védène revint de la cour de Naples. Son temps n'était pas encore fini là-bas ; mais il avait appris que le premier moutardier du Pape venait de mourir subitement en Avignon, et, comme la place lui semblait bonne, il était arrivé en grande hâte pour se mettre sur les rangs.
Quand cet intrigant de Védène entra dans la salle du palais, le Saint-Père eut peine à le reconnaître, tant il avait grandi et pris du corps. Il faut dire aussi que le bon Pape s'était fait vieux de son côté, et qu'il n'y voyait pas bien sans besicles. Tistet ne s'intimida pas.
- Comment ! grand Saint-Père, vous ne me reconnaissez plus ?...C'est moi, Tistet Védène!...
- Védène ?...
- Mais oui, vous savez bien... celui qui portait le vin français à votre mule.
- Ah ! oui... oui... je me rappelle... Un bon petit garçonnet, ce Tistet Védène !... Et maintenant, qu'est-ce qu'il veut de nous ?
- Oh ! peu de chose, grand Saint-Père... Je venais vous demander... À propos, est-ce que vous l'avez toujours votre mule ? Et elle va bien ?... Ah ! tant mieux !... Je venais vous demander la place du premier moutardier qui vient de mourir
- Premier moutardier, toi !... Mais tu es trop jeune. Quel âge as-tu donc ?
- Vingt ans deux mois, illustre pontife, juste cinq ans de plus que votre mule... Ah ! palme de Dieu, la brave bête ! Si vous saviez comme je l'aimais cette mule-là !...
Comme je me suis langui d'elle en Italie !... Est-ce que vous ne me la laisserez pas voir ?
- Si, mon enfant, tu la verras, fit le bon Pape tout ému...
Et puisque tu l'aimes tant, cette brave bête, je ne veux plus que tu vives loin d'elle. Dès ce jour, je t'attache à ma personne en qualité de premier moutardier.. Mes cardinaux crieront, mais tant pis ! j'y suis habitué... Viens nous trouver demain, à la sortie des vêpres, nous te remettrons les insignes de ton grade en présence de notre chapitre, et puis... je te mènerai voir la mule, et tu viendras à la vigne avec nous deux... hé ! hé ! Allons ! va...
Si Tistet Védène était content en sortant de la grande salle, avec quelle impatience il attendit la cérémonie du lendemain, je n'ai pas besoin de vous le dire. Pourtant il y avait dans le palais quelqu'un de plus heureux encore et de plus impatient que lui : c'était la mule. Depuis le retour de Védène jusqu'aux vêpres du jour suivant, la terrible bête ne cessa de se bourrer d'avoine et de tirer au mur avec ses sabots de derrière. Elle aussi se préparait pour la cérémonie...
Et donc, le lendemain, lorsque vêpres furent dites, Tistet Védène fit son entrée dans la cour du palais papal. Tout le haut clergé était là, les cardinaux en robes rouges, l'avocat du diable en velours noir, les abbés du couvent avec leurs petites mitres, les marguilliers de Saint-Agrico, les camails violets de la maîtrise, le bas clergé aussi, les soldats du Pape en grand uniforme, les trois confréries de pénitents, les ermites du mont Ventoux avec leurs mines,farouches et le petit clerc qui va derrière en portant la clochette, les frères flagellants nus jusqu'à la ceinture, les sacristains fleuris en robes de juges, tous, tous, jusqu'aux donneurs d'eau bénite, et celui qui allume, et celui qui éteint... Il n'y en avait pas un qui manquât... Ah ! c'était une belle ordination ! Des cloches, des pétards, du soleil, de la musique, et toujours ces enragés de tambourins qui menaient la danse, là-bas, sur le pont d'Avignon...
Quand Védène parut au milieu de l'assemblée, sa prestance et sa belle mine y firent courir un murmure d'admiration. C'était un magnifique Provençal, mais des blonds, avec de grands cheveux frisés au bout et une petite barbe follette qui semblait prise aux copeaux de fin métal tombés du burin de son père, le sculpteur d'or. Le bruit courait que dans cette barbe blonde les doigts de la reine Jeanne avaient quelquefois joué ; et le sire de védène avait bien, en effet, l'air glorieux et le regard distrait des hommes que les reines ont aimés... Ce jour-là, pour faire honneur à sa nation, il avait remplacé ses vêtements napolitains par une jaquette bordée de rose à la Provençale, et sur son chaperon tremblait une grande plume d'ibis de Camargue.
Sitôt entré, le premier moutardier salua d'un air galant et se dirigea vers le haut du perron, où le Pape l'attendait pour lui remettre les insignes de son grade : la cuiller de buis jaune et l'habit de safran. La mule était au bas de l'escalier, toute harnachée et prête à partir pour la vigne...
Quand il passa près d'elle, Tistet Védène eut un bon sourire et s'arrêta pour lui donner deux ou trois petites tapes amicales sur le dos, en regardant du coin de l'oeil si le Pape le voyait. La position était bonne... La mule prit son élan :
- Tiens ! attrape, bandit ! Voilà sept ans que je te le garde ! Et elle vous lui détacha un coup de sabot si terrible, si terrible, que de Pampérigouste même on en vit la fumée, un tourbillon de fumée blonde où voltigeait une plume d'ibis ; tout ce qui restait de l'infortuné Tistet Védène !...
Les coups de pied de mule ne sont pas aussi foudroyants d'ordinaire ; mais celle-ci était une mule papale ; et puis, pensez donc ! elle le lui gardait depuis sept ans... Il n'y a pas de plus bel exemple de rancune ecclésiastique.

Cendrillon revu et corrigé

Vous croyez, j'en suis sûr, connaître cette histoire.
Vous vous trompez : la vraie est bien plus noire,
Ou rouge sang, si vous voulez.
La fausse, que vous connaissez, fut fabriquée,
ou inventée et sans scrupule trafiquée,
Afin que tout y soit mollasson, niaisouillard,
le genre à faire le soir s'endormir les moutards.
Pour le début, d'accord, c'était pas mal parti. -
Ça s'est passé comme ça : au milieu de la nuit,
Les deux méchantes sœurs vont en grand tralala
Au bal du palais danser la mazurka,
Laissant Cendrillon, la timide.
Enfermée dans la cave humide ;
Où les rats, plutôt affamés,
Cherchent à lui grignoter les pieds.
"A l'aide ! Laissez-moi sortir !" crie-t-elle.
La bonne fée entend Cendrillon qui l'appelle.
Nimbée de lumière, elle s'amène :
- "Ma chérie, qu'est-ce qui se passe ?
Je suis dans la mélasse
Pendant que mes sœurs en dansant se prélassent !
" De rage, frappant le mur comme un vrai punching-ball
Elle crie à sa marraine : "Je veux aller au bal !
Il y a au palais une surboum partie, et je moisis ici,
folle de jalousie ! Je veux une robe à pois !
Un carrosse d'apparat, des perles et un diamant
de quarante carats, des pantoufles argentées fourrées
de vison, et un mignon collant de soie et de nylon !
Il ne se peut qu'ainsi me voit ce joli prince
sans qu'aussitôt pour moi, amoureux, il en pince
- Ne t'en fais pas, répond la fée,
j'ai la pratique du tourisme à coups de baguette magique."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Cendrillon se retrouve au bal du palais.
Les méchantes sœurs grimacent de dépit
en la voyant valser avec celui, qui entre ses bras étant pris,
de Cendrillon se trouve épris.
Elle le tient serré, suffoquant,
Se pressant contre son torse puissant.
Le prince trop pressé se transforme en purée.
Il étouffe d'amour, il est pris du hoquet.
Mais soudain minuit sonne.
La belle s'écrie
II faut que je me tire sans perdre une minute.
Le prince se lamente : "Déjà ? Non !...
Il s'agrippe à sa robe ; il veut la retenir.
Mais Cendrillon : "Laissez-moi, laissez-moi.
Le prince tire si tort, la robe se déchire.
Cendrillon s'enfuit sans que rien l'emmitoufle
Et vlan ! dans l'escalier, elle perd une pantoufle
Sur laquelle le prince se jette dare-dare.
Il la brandit, et devant l'assemblée déclare :
"Celle au pied de qui cette pantoufle ira,
Demain matin ma fiancée sera !
Qu'on fouille la ville à fond,
II faut retrouver Cendrillon !"
Ayant ainsi parlé, plein de désinvolture
Il pose la pantoufle près d'un pot de saumur
Mais ne voilà-t-il pas qu'une des méchantes
(Celle dont les boutons vous donnaient mal
S'empare prestement de ce charmant objet
Et s'en va le jeter dans les water-closets.
Puis à sa place elle pose (coup en vache assez???)
La pantoufle qu'elle ôte de son propre pied.
Ah ! Ah ! Sur Cendrillon l'étau tôt se resserre
Et l'on peut voir sa chance la valise se faire
Le lendemain le prince s'en va sans plus attendre
Frapper à chaque porte pour retrouver sa tendre.
Dans chaque foyer, c'est l'anxiété. À qui peut être ce soulier ?
Il est long, il est large, il bâille énormément
Un pied normal s'y perdrait totalement,
Et de plus il sent tort, comme un vieux roquefort
Comme quand la marée s'est retirée du port
Des milliers d'habitants essaient pourtant la ???
Mais c'est en vain : il n'y a personne à sa pointure

Bienvenue

Bonne année 2009

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Professeur des écoles Maitrise de sciences LYON 1 Villeurbanne Diplome de secouriste
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